Retour d’expérience suite à une intervention dans un hôpital

Un mercredi de décembre 2024, j’interviens dans un service d’un hôpital parisien.

5 participants adultes : Hector, membre du personnel de la médiathèque de l’hôpital, Christelle, patiente du service de nutrition. Mickaël, Anne et Vololona, du service pneumologie. Tous les trois ont subi une intervention au sternum et 2 sont encore reliés à un appareil électrique.

  • Mickaël, la quarantaine portant jeune. Il a un visage avec une énergie « triste ». Un état triste-dépresssif suite à son opération ?, suite à la découverte d’une maladie ?
  • Anne, la quarantaine. Elle semble dynamique, à l’aise.
  • Vololona, la quarantaine. Elle me dit être d’origine malgache, d’où son prénom. Elle est préoccupée par l’attente de la visite de son mari, qui ne sait pas qu’elle est à la médiathèque au lieu d’être dans son service. Elle me donne l’impression d’être quelqu’un qui essaye de se conformer aux attentes des autres, de vouloir faire bien, sans se faire remarquer.
  • Christelle, femme, la quarantaine. Elle fait plus âgée. En surpoids, se déplace avec une canne. Fumeuse, cheveux gras et teint « fatigué ».
  • Hector, moins de trente ans. Il est rigolard, dynamique. Abord et contact faciles et dynamiques.

Habituellement, mes animations sont axées essentiellement sur la présentation de la culture japonaise, si différente et, moindrement, sur les bienfaits de la calligraphie.

Mais, en voyant l’expression « énergie basse » de Mickaël et sachant que nous sommes dans un hôpital, je me suis senti émotionnellement touché par sa tristesse, sans savoir pourquoi.

Aussi, et pour la première fois, je commençais mon animation différemment, laissant de côté mon déroulé habituel, basé sur la transmission d’informations concernant l’écriture du japonais, la calligraphie et son matériel. Mon objectif principal n’était donc plus de suivre et de respecter ce déroulement, mais principalement de « redonner du peps » à Mickaël.

Idem, plus tard, au moment de la pratique, cette fois, j’aurais été davantage dans la transmission d’énergie aux différentes personnes et principalement Mickaël. J’aurais, du moins, une autre perception de mon accompagnement : « les aider à reprendre de l’énergie, à se remettre en énergie (comme on dit « remettre en eau » un circuit, soit faire en sorte que l’eau revienne pour remplir ce circuit).

D’autant que nous étions peu nombreux et peut-être parce que le cadre de l’espace attenant à la médiathèque et le contexte s’y prêtaient, je montrais au groupe, davantage qu’à mon habitude, les réalisations des uns et des autres, surtout pour montrer comment ils réussissaient, en parvenant à dépasser les faiblesses de leurs premières calligraphies.

Mickaël

  • Rapidement, il me dira que sa fille de 23 ans est fan de la culture coréenne, qu’elle fait une fac de chinois et qu’elle rêve d’aller vivre en Corée.
  • Je ferais donc à de nombreuses reprises référence à sa fille, son unique enfant qui compte apparemment pour Mickaël, pour qu’il reprenne de la vigueur :
    • Par exemple, en lui indiquant qu’il connaît désormais des choses qui intéressent sa fille, alors qu’a priori, lui et sa femme ne sont pas là-dedans.
    • En l’incitant à lui montrer les calligraphies qu’il aura réalisées et qu’il en soit fier…
  • Au final, il repartira content de l’atelier, le visage certes toujours fatigué mais plus dynamique, brillant et souple, avec davantage de couleur qu’en arrivant.
    • Je crois même l’avoir entendu dire qu’il referait de la calligraphie avec sa fille.
    • Alors qu’il était mutique, replié sur lui-même en début d’atelier, il avait fini par commencer à échanger avec les autres participants, notamment avec Hector à côté de lui, sous un mode badin.

Anne

  • Comme je l’avais perçue comme étant plus dynamique, moins en perte d’énergie que les autres participants, presque comme une « personne de l’extérieur » à l’hôpital, je me suis moins occupé d’elle et je lui ai moins accordé de présence et un accompagnement plus serré, proche d’elle qu’aux autres.
  • Ce n’est que vers la fin de l’atelier que je me suis rendu compte que de ne pas réussir à tracer « comme il faut » l’un des katakana de son prénom, cela l’affectait plus que de raison.
  • Au final, elle est repartie de l’atelier en disant qu’elle n’était pas contente d’elle-même, de sa calligraphie et qu’elle préférait retourner à sa broderie, pour « se changer les idées », plutôt que poursuivre la calligraphie.

Vololona

  • Très rapidement, j’ai remarqué et je lui ai donc fait la remarque, qu’elle était dans le contrôle, comme ses calligraphies le montraient. Elle partageait d’ailleurs ma perception.
  • Au final, et comme je l’incitais à ne plus être dans le contrôle et faire comme ça lui venait (« On s’en fout de faire équilibré et que tous vos katakana tiennent les uns sous les autres sur la page » !). Elle s’est ainsi laissée aller et ne s’est plus mise la pression.
  • Elle a ainsi réalisé une calligraphie finale de son prénom « marquée », ancrée, présente, qui exprimait quelque chose, de l’énergie. Cette dernière version était par ailleurs la plus équilibrée de toutes ses précédentes calligraphies.
  • Elle est repartie contente et demandant même comment s’écrivait le prénom de son mari en japonais !

Christelle

  • Dès sa première calligraphie, il y avait un équilibre dans sa calligraphie. Je l’ai donc valorisée, complimentée, montrant son travail aux autres.
  • Elle était ainsi, tout le temps de l’atelier, investie, « prise au jeu » et elle était contente en quittant l’atelier. Elle avait même cherché d’elle-même comment s’écrivaient en katakana les prénoms de ses deux enfants. Elle comptait bien le leur montrer !

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