Mercredi 12 novembre 2025
1 atelier « Calligraphier son prénom en japonais », dans les locaux de l’UDAF 95
4 enfants pupilles de l’Etat, de 5 à 12 ans environ, accompagnés de deux Tatas, familles d’accueil, un représentante de l’Udaf 95 et une représentante de la Préfecture du Val d’Oise. L’éducateur de l’un des enfants quittera l’atelier rapidement avant de revenir chercher son jeune à la fin de l’atelier.
Contexte : dans le cadre d’un ensemble d’ateliers autour de l’Asie, thématique choisie par la Préfecture, tuteur des enfants, Pupilles de l’Etat.
Programme :
- rapide présentation de l’écriture du japonais,
- identification des katakana transcrivant en japonais les prénoms des participants,
- démonstration, par l’intervenant, des bases de la calligraphie,
- réalisation d’exemple, par l’intervenant, des calligraphies des prénoms des participants,
- calligraphie, par les participants, de leur prénom japonais,
- conseils par l’intervenant et apports sur la différence culturelle et sur les bienfaits de la calligraphie (lâcher-prise, mise à distance des pensées, ancrage dans le présent et pleine conscience…),
- les participants sont repartis avec leur prénom calligraphié, sur papier classique et sur papier japonais.
Compte-rendu :
Début de l’animation habituelle, par la présentation des trois systèmes d’écriture du japonais. Rapidement, je vois Clément, le plus âgés des enfants avec lequel j’avais un peu échangé à son arrivée et que j’avais senti motivé par le Japon et par l’univers manga, chuchoter en aparté avec son éducateur. Peu après, ce dernier quitte la salle puis Clément me paraît moins concerné. Il ne regarde pas forcément le tableau, n’intervient pas, s’affaisse sur sa table… Pensant qu’il ne semble pas intéressé par mes explications et me disant que celles-ci sont peut-être trop longues, je le sollicite à plusieurs reprises, je le cite en exemple… « Quand Clément ira au Japon.. », par exemple. Mais cela ne semble rien changer pour lui.
Les autres garçons et les adultes, par contre, interagissent et m’interpellent régulièrement. Aussi, finalement, je me base sur leurs réactions pour me dire que mes explications les intéressent. Je me détourne donc de Clément et je cesse notamment de le solliciter, pour ne pas que je devienne « lourd ».
De la sorte, je reporte mon attention et change de point de référence pour « lire » autrement la situation et donc enclencher une représentation mentale différente de la situation présente. Je mets ainsi en place une nouvelle connexion neuronale.
Comme habituellement, je poursuis mes explications, nous trouvons ensuite ensemble comment s’écrivent nos prénoms en japonais, comment faire pour calligraphier puis nous faisons une pause, pendant laquelle les enfants boivent un jus, mangent les gâteaux et bonbons préparés par l’Udaf.
Au retour de la pause, puis pendant environ une heure, les enfants et les adultes calligraphient des versions successives de leur prénom, en tenant compte de mes remarques pour leur permettre d’aboutir à des calligraphies plus équilibrées et harmonieuses. Les enfants restent concentrés, motivés et ils ne me demandent que sur le tard, comment s’écrivent d’autres prénoms.
Il est en effet souvent difficile pour les enfants de calligraphier uniquement leur prénom : ayant déjà calligraphié plusieurs fois leur prénom, il leur est difficile de comprendre l’utilité de ne pas passer à un autre prénom ! Ils sont dans la logique de production, de réalisation d’un objectif.
Pendant cette période de pratique, enfants comme adultes m’ont entendu parler, notamment, de l’importance du cheminement plutôt que de la réalisation des calligraphies, des bienfaits de la pratique de la calligraphie, des différences de lecture de ce qui est pour nous, Occidentaux, des imperfections dans nos calligraphies, quand ces mêmes parties sont considérés, par les Asiatiques, comme les plus belles (traits non strictement droits et pleins, parties frangées…).
Plus chacun pratiquait, plus Clément s’investissait dans ses réalisations, plus Aymen, 7 ans, modifiait radicalement ses productions, plus les calligraphies de chacun gagnaient en légèreté et en équilibre. Au final, quelle ne fut pas ma surprise de voir Aymen tenir compte de mon dernier modèle pour réaliser une calligraphie lisible et qui tenait la route, alors qu’il avait jusqu’alors calligraphié à l’image d’un enfant ayant des dysgraphies ! Élodie, 5 ans, qui se tenait toute collée à sa Tata et qui avait peur de moi (comme tout jeune enfant impressionné face à un adulte inconnu), qui me semblait trop jeune pour comprendre et exécuter une calligraphie, m’a impressionné par la qualité de sa dernière calligraphie, sur le fin papier japonais !!
À la fin, les enfants ont demandé comment les prénoms de proches ou de copains s’écrivent en japonais, de même que les adultes, pour les prénoms de leur conjoint et de leurs enfants. Clément a demandé puis réalisé la calligraphie du prénom de son éducateur. Sur la pochette qui leur a été remise pour emporter leurs calligraphies, Clément a exécuté une calligraphie de bon niveau de son prénom, faisant la fierté de son éducateur !
En repartant, les enfants comme les adultes étaient contents, Élodie n’avait plus peur de moi, Aymen était familier avec moi et sur le visage de Clément, quel plaisir de voir son grand sourire, son visage détendu, joyeux !
